Ne pas débuter avec du matériel non adapté ou premier prix
En particulier le papier. Je dirais que c’est le plus important, avant les pinceaux ou la peinture elle-même. Outre le fait qu’il doit avoir un grammage suffisant pour l’aquarelle, minimum 300 g, il ne faut pas utiliser le premier bloc pas cher trouvé en supermarché ou en ligne. Francesca et moi avons commencé avec un papier acheté à Action d’apparence pas mal, 300 g, moyennement texturé (type pressé à froid même si aucune mention ne figure sur la pochette), mais celui-ci réagissait bizarrement à l’eau, se gondolait très vite et commençait à se détériorer en « boulochant ». La texture était également étrange, rien de naturel, mais une sorte de texture « forcée » mécaniquement avec des motifs se répétant. Lorsqu’on débute et qu’on n’y connait rien, cela peut très vite être frustrant car on se dit qu’on arrive à rien, alors qu’on n’a simplement pas le papier adéquate dès le départ.
De très bons papiers vegan pour s’initier sans trop dépenser : papier Hahnemühle Harmony 300 g ou le Canson Montval encore moins cher. Le top du papier est à base de coton, plus cher qu’un papier cellulose, mais Hahnemühle a le papier Expression 100% coton qui reste bon marché et permet de vous initier aux joies du coton (c’est mon papier favori).
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Un ou plusieurs bons pinceaux est important également, mais on peut faire sans au tout début. De la même manière pas besoin d’avoir une pléthore de pinceaux, on peut très bien débuter avec un seul, genre petit gris qui permet de faire beaucoup de chose. La gamme Casaneo de Da Vinci est en poils synthétiques, je recommande le 498 numéro 4 qui est super bien qu’un peu cher. Sinon Raphael a une gamme Kaerell synthétique qui est très bien.
S’inspirer du réel, d’une peinture ou d’une photo
Contrairement à ce que certains artistes recommandent, à savoir n’utiliser que son imagination pour débuter une peinture, j’ai trouvé cela beaucoup trop difficile car trop intimidant. Ajouter le stress du manque d’imagination et le manque d’un œil d’artiste au début est trop à mon goût. Donc je n’ai pas suivi ce conseil et j’ai préféré partir de paysages ou d’aquarelles existantes, sans vouloir les reproduire, mais juste pour avoir une base visuelle et me référer à certains points. Se baser sur une photo bien cadrée et composée dès le départ est encore plus simple car ce sont des points en moins à se soucier.
Je pratique l’outdoor depuis toujours, j’arpente les forêts et montagnes vosgiennes depuis ma plus tendre enfance, mais je n’ai jamais peint ou dessiné, et sans photo devant moi, il m’a été difficile de m’imaginer comment est « dessiné » un arbre, une feuille, un nuage ou un ciel d’orage, appréhender les valeurs, les tons, les lignes et formes, les ombres. Alors qu’avec une photo comme base, c’est beaucoup plus clair de voir comment la lumière réagit, où les ombres se forment, où placer les valeurs claires, sombres, etc.
Bien entendu, si vous êtes quelqu’un de naturellement créatif ou si vous vous dirigez vers de l’abstrait, il peut être intéressant d’y aller en roue libre. Mais encore une fois, on parle de conseils pour débutant.es ici.
Connaître son matériel en pratiquant
Ce conseil peut sembler bizarre car si on débute l’aquarelle, on ne connait encore rien. Par ceci je veux dire qu’il ne suffit pas d’avoir la bonne liste d’outils pour commencer à peindre, il faut savoir comment ceux-ci réagissent et fonctionnent. Pour moi, c’est le plus difficile, encore maintenant. Le cas typique : vous trouvez un bon tuto d’une petite aquarelle pour grand débutant avec liste de matériel utilisé (que vous possédez), vous suivez tout à la lettre, mais vous êtes loin du résultat obtenu. Pire, c’est une réelle catastrophe, pourtant il n’y avait semble-t-il rien de compliqué. La raison est certainement qu’avoir le bon matériel n’est pas le seul élément requis, il faut aussi en avoir la maîtrise et savoir le dompter. Et pour y parvenir, il faut pratiquer et essayer, beaucoup essayer.
J’ai été très frustré au début – encore maintenant d’ailleurs ! – Francesca peut le confirmer. Je prenais un exercice en apparence très simple, un ciel, une scène très basique de collines ou de dunes par exemple, mais je n’y arrivais pas car mon trait, l’orientation de mon pinceau, la pression ou la quantité d’eau ajoutée au papier ou sur le pinceau n’étaient pas bons. C’est cucul à dire, mais lorsqu’on débute, même les exercices « débutants » sont difficiles, il faut donc s’accrocher et pratiquer pour maitriser toutes ces notions.
Maîtriser l’eau
Ce conseil rejoint celui du dessus, en réalité, j’ai écrit ce billet sur plusieurs semaines, pour vraiment engranger mes impressions de débutant et entre ce paragraphe et celui d’avant, plusieurs semaines se sont écoulées. Mais j’ai choisi de garder intact celui d’avant.
Il faut être maître de l’eau pour faire de l’aquarelle, cela pourrait être sa définition d’ailleurs. J’ai parlé de bien connaître son matériel, mais ce qui influera sur la qualité de votre peinture sera directement lié au bon dosage de l’eau sur le papier, sur votre peinture et dans votre pinceau. Et c’est vraiment ce qui demande de l’expérience et de la pratique car cela se joue à rien parfois.
Ne pas négliger le dessin
Ce point m’est venu qu’après plusieurs semaines et parce que je m’y suis intéressé. Mis à part durant l’enfance, je n’ai jamais dessiné et même si j’en ai toujours rêvé, je sais que je n’avais aucun talent inné, cela est donc resté bien enfoui en moi, jamais sorti. D’ailleurs, lorsque j’ai pris la décision de prendre un pinceau en main pour essayer l’aquarelle il y a quelques semaines de ça, je sais qu’inconsciemment je me disais que l’aquarelle est loin du dessin (suivant le style), qu’elle tolère plus le manque de talent de dessinateur, notamment dans des approches loose painting que j’aime beaucoup.
Mais ce n’est pas forcément vrai et bien entendu qu’avoir ne serait-ce que des bases en dessin est un gros plus indéniable. Ce qui m’a fait m’y intéresser est la découverte de la méthode Betty Edwards avec son livre culte Dessiner grâce au cerveau droit. Car bien entendu le dessin s’apprend et n’importe qui peut dessiner, quelque soit l’âge. Je ne vais pas faire une critique de ce livre, mais celui-ci donne immédiatement confiance et apporte de l’espoir à ceux qui comme moi se sont toujours dit « Je ne sais pas dessiner. » 😉 Pour vous donner une idée, dès le deuxième exercice du livre vous allez dessiner un portait de Stravinsky par Picasso et vous allez être bluffé par vous-même ! La chouette de Tengmalm ci-dessous est je pense le troisième dessin de toute ma vie d’adulte, après avoir lu les premiers chapitres du livre de Betty Edwards (le rendu n’est pas très joli car réalisé sur du papier aquarelle) :
Du matériel éthique
Ce dernier point n’est pas un conseil – peut-être que si en fait – mais un avertissement. Si comme moi vous débarquez dans le monde de l’art pictural, vous ne savez peut-être pas que beaucoup, que dis-je, énormément de matériels de dessin et de peinture sont faits à base d’ingrédients d’origine animale. C’est d’ailleurs déprimant. L’aquarelle n’est pas épargnée, des pinceaux aux peintures en passant par les papiers, beaucoup possèdent des sous-produits provenant de l’animal.
Les « meilleurs » pinceaux sont en poils d’animal, dans le jargon artistique vous entendrez souvent mentionnés petit gris (écureuil), Kolinsky (martre de Sibérie), mais d’autres sources existent également : chèvre, poney ou cochon. Du côté des papiers, bien qu’ils soient faits soit de cellulose soit de coton, beaucoup contiennent de la gélatine animale. Pour la peinture elle-même tout dépend des pigments utilisés, donc des couleurs. Mais il existe des options 100% véganes.
Ce sujet fera peut-être l’objet d’un prochain article dédié, en attendant il existe certains articles de référence, notamment celui-ci : De l’art végane, c’est possible.
Plusieurs semaines se sont passées depuis mes débuts dans l’aquarelle et j’ai un peu l’impression de stagner après l’euphorie des premiers jours. Il faut y consacrer du temps c’est certain et je ne pratique pas assez régulièrement tout en manquant de confiance. Un autre point est que dans cet art, il ne faut surtout pas avoir un jugement critique trop sévère tant que la peinture n’est pas terminée ou tout du moins bien avancée, car cela peut ne sembler à rien pendant un temps mais les choses se construisent et vont s’affirmer. Malheureusement mon manque de patience me fait abandonner trop vite certaines aquarelles, je les mets de côté (lorsqu’elles ne partent pas directement à la poubelle) et le lendemain ou plusieurs jours après je me rends compte que ce n’est pas si mal et que je pourrai continuer plus tard au final (sauf celles parties à la poubelle). A prendre en compte également qu’au séchage les couleurs s’adoucissent plutôt fortement contrairement à l’acrylique ou la peinture à l’huile.
Si cet article vous a plu ou si vous êtes vous-même artiste, n’hésitez pas à laisser un commentaire 😉
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