Je ne cours pas depuis longtemps, j’ai commencé la pratique de la course à pied il y a moins de 2 ans, lorsque nous habitions encore à Rome juste avant de nous installer à l’île Maurice. Mais je cours plus sérieusement depuis environ 6 mois. Je veux dire par là que ma pratique est devenue beaucoup plus régulière, efficace et foncière depuis l’été 2016. Ce résultat est le fruit d’une auto-discipline simple, à savoir m’imposer à courir 3 ou 4 fois par semaine, 1 heure maximum (et non plus un nombre de km), en restant en zone 2 (en aisance respiratoire) pour faire un travail de fond aérobie. Comme je l’ai relaté dans un précédent billet, ce travail paye, et il est indéniable que le motto ralentir pour mieux courir fait sans aucun doute ses preuves.
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Dans ces moments, au début où j’ai commencé la course à pied, je n’osais même pas penser au trail running, c’était un peu une discipline de fous à mes yeux, faire des chemins de randonnée, mais en courant ! D’un autre côté, je lorgnais dessus et j’en rêvais, mais cela paraissait juste inaccessible. Sans m’avouer que j’aimerais m’y essayer, je me retrouvais parfois sur un chemin de terre au milieu d’un champ en légère pente et j’en suais à la grimper cette pente. Bref, ça me maintenait dans mon idée que ce n’était pas pour moi, que c’était une discipline de dingos. Mais pourquoi penser de cette façon ? Je pense que lorsque l’on a débuté par le running sur route, c’est simplement du à son héritage et à ses règles, dont il faut un peu se détacher lorsque l’on vient au trail.
Le trail lorsque l’on vient de la course sur route
Courir sur route est synonyme de régularité, de tempo, d’une sorte de répétition. A part certaines courses, la course à pied se pratique sur le plat (ou avec très peu de dénivelé) qu’il s’agisse d’un 5K ou d’un marathon. On peut donc constamment comparer ses performances, connaitre ses temps – ou ceux des autres – au km pour adapter son run. Des tracés ou des courses à des endroits différents partent sur les mêmes bases, le record du monde du 10K ou du marathon est global, ce sont des temps de références qu’il s’agisse de records olympiques ou de records personnels. On parle des mêmes choses.
Le trail change totalement la donne sur ces points-là. Il n’y a plus de références universelles, chaque trail, chaque course a ses propres caractéristiques, ses propres temps. Un 25 km ici sera totalement différent d’un 25 km là, avec des temps de parcours peut-être allant du simple ou double. En effet, le dénivelé et la technicité du tracé – entre autres choses – cassent les règles plus ou moins établies de la course à pied sur route. Chaque segment, chaque km est différent en trail. Ce n’est pas parce que vous avez mis 4:45 pour faire le premier kilomètre qu’il s’agira d’une base pour connaitre votre vitesse globale, peut-être – même certainement – que le prochain segment sera une belle bosse technique et votre prochain kilomètre se fera en plus de 7:30. Je dirais que c’est ce qui fait la magie du trail, il offre une activité beaucoup plus variée et pleine de surprises.
Mes sources de motivation pour le trail
C’est sur ces principes cités plus haut que la possibilité de pratiquer le trail a finalement flashé dans mon esprit. Pour cela il a fallu que je remette en question ma façon de courir, que j’oublie un peu les règles de la route en me remettant dans un état d’esprit de plaisir de courir plus diversifié et quelque part plus naturel. Pourquoi je cours ? Qu’est ce que le fait de galoper me procure ? Pour quoi faire ? Toutes ces questions, je me les suis posé, non pas car je doutais ou par baisse de motivation, mais pour faire le point et découvrir que même si le trail me faisait peur, il correspondait parfaitement à ma mentalité : nature, liberté, calme, méditation, ouverture et plaisir.
Méditation active
Ceux qui me connaissent un peu savent que je ne cherche pas du tout la performance, encore moins la rivalité, ce n’est donc pas dans un esprit compétitif que je cours. Lorsque je pars sur les chemins, ce n’est rien d’autre qu’une petite aventure qui se vit en courant. C’est une forme de méditation active que j’essaie de mieux en mieux de maitriser. J’y travaille beaucoup. Essayer de ne pas trop penser, au contraire se vider l’esprit pour se focaliser sur le moment présent, sur ses sensations et son corps au milieu de l’environnement. A la recherche du fameux satori.
Si vous êtes un athlète et que vous êtes assez chanceux, vous l’avez senti. Être « dans la zone », goûter au satori – la clarté soudaine et zen qui vient quand on s’y attend le moins, souvent lorsque votre corps est poussé à la limite … Satori peut être recherché, mais il ne peut pas être maintenu.
Scott Jurek, Eat & Run
Depuis que je pratique le trail, j’appuie sur le bouton Start de ma Garmin Forerunner et je ne la consulte quasiment plus jusqu’à la fin. Fini la vérification constante du rythme cardiaque, du temps au km. Par contre, les fermetures de ma veste commencent à se plaindre car il n’y a quasiment jamais 3 km qui passent sans que je sorte le téléphone pour prendre une photo ou sans que je jette un œil sur la copie papier de la carte IGN (oui j’aime bien rester old school avec les cartes topo) du parcours du jour. Au début cela me gênait d’ailleurs, je me demandais comment les traileurs faisaient pour connaitre un nouveau tracé sans devoir avoir une carte à portée de main tout le temps, que ce soit papier, sur smartphone ou sur une montre GPS, comportement impensable en course sur route. Mais j’ai vite appris à ne pas me soucier de cela, que le trail est différent. Ici on apprécie plus le moment vécu, on prend le temps de regarder même dans l’effort.
C’est dans cet esprit que j’aime pratiquer cette nouvelle activité pour moi. Pas dans une recherche de performance, mais dans une recherche de soi, une tentative de se vider le mental pour ne vivre que le moment instantané, à l’écoute de son corps, de ses mouvements, de ce qui m’entoure. Et pour le moment, les sentiers et les forêts parcourus – enneigés en cette saison dans les Vosges – me le rendent plutôt bien.
Et vous, comment pratiquez-vous votre sport favoris ?
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